dimanche 28 novembre 2010

Le salaire d'Azpi

 Dimanche, froid et pluvieux.
Comme d'habitude, je mange avec mon père et sa compagne, et la discussion porte rapidement sur le match de l'OM d'hier soir. Très belle victoire 4-0 sur le leader Montpellier, mais malheureusement entaché par la grave blessure du jeune latéral droit espagnol Cesar Azpilicueta, surnommé "Aszpi", que nous aimons bien du fait qu'il soit originaire de Navarre, la région d'origine de ma grand-mère paternelle. Les ligaments croisés étant touchés, nous n'aurons plus l'occasion de le revoir sur le terrain cette saison.
 Mais la question suivante se posa assez rapidement: est-ce que l'OM allait assurer le salaire du joueur tout le temps de sa convalescence? Est-ce qu'il n'y avait pas des assurances, voir la Sécurité Sociale qui allait prendre le relais le temps que Azpi soit apte à jouer?
 Dans un premier temps, je pensais naïvement que le football devait être soumis à un régime juridique différent, que d'autres conventions devaient régir le domaine...Mais mon père me rappela rapidement l'affaire Sébastien Perez.
 Sébastien Perez, du nom d'un ancien joueur de l'OM qui en 1999 avait d'un tacle assassin purement et simplement cassé la jambe d'un joueur de Nantes nommé Yves Deroff. L'affaire avait eu des répercussions des années plus tard quand le club marseillais et son joueur ont été attaqué en réparation du préjudice par...la caisse de Sécurité Sociale de Nantes.
 Bien que ça puisse sembler incroyable pour un esprit faible comme le mien, la chose est d'une logique absolue. Les footbaleurs et leurs clubs payent des charges comme tout le monde, et ont donc les mêmes droits que tous. Il est donc bien évident que le salaire d'Azpi sera payé par le système social français à 100% de son salaire fixe du fait que l'on entre sur le coup dans la catégorie "accident du travail", et ce jusqu'à la fin de la saison. Donc un salaire mensuel que j'estimerai à plus de 150 000 euros brut.
 Mon père restait quand même un peu interloqué ("Quand même, un si gros salaire, c'est incroyable que ce soit l'état qui s'occuppe de ça et qu'on n'oblige pas le milieu du foot à se prendre en charge tout seul..."). Ce à quoi je me fendis d'un: "Je préfère quand même un million de fois que le modèle social serve à payer le salaire d'Azpi plutôt qu'il entretienne le RSA d'un trafiquant de drogue".
 Ce à quoi la compagne de mon père répondit: "Quand même, c'est pas le même coût"...
Bien évidemment que le coût du RSA des trafiquants est très largement supérieur à l'entretien des footbaleurs blessé.
 D'une le footbaleur et le football en général génère tellement de revenus et de recette que le coût en matière de Sécurité Social est largement compensé, au même niveau voir plus que tous les secteurs d'activités. Le trafiquant, lui, impliquera quoi qu'il en soit un coût pour la société, sans compter les milliers de victimes collatérales de ses affaires.
 Ensuite, le football est un des rares domaines en France où on est pas trop choqué que des jeunes de 20 ans gagnent en un an ce que leurs pères ne gagneront jamais en toute une vie, même si l'affirmation reste quand même très relative. Le président de l'OM Jean-Claude Dassier disait il y a quelques jours que les footbaleurs avaient un rôle social à jouer, et donc qu'ils ne devaient pas trop montrer qu'ils gagnaient de quoi s'offrir une voiture de sport tous les ans et les collectionner. C'est d'une limpidité...que les footbaleurs roulent en Twingo, achètent leur nourriture à Lidle et s'habillent au Marché au Puce, et ça passera comme une lettre à la poste qu'ils gagnent au pire plus de 100 fois que le salarié moyen.
 Non, il faut qu'ils achètent encore et encore des voitures de sport, des téléphones dernier cris et des gadgets en pagaille. Pour une nouvelle Ferrari achetée, des années de recherche sur la technologie automobile financées, et donc de la productivité source de croissance et d'emploi pour le bien de tous.
 Vous allez me dire que les trafiquants eux aussi se payent de belles voitures. Oui mais hélas les trafiquants dont nous parlons, ceux qui ont assez peu d'honneur pour arrondir leurs fins de mois avec le RSA, eux ont plutôt tendance à ruiner leur secteur d'activité préférentiel. Grâce à eux, il faut déjà être marteau pour s'habiller en Lacoste et rouler en belle Polo, et voilà maintenant qu'ils sont en train de ruiner l'image de marque de références comme Porsche ou Mercedes.
 Mais c'est surtout le symbole qui compte, que l'état en toute connaissance de chose paye le RSA à plus d'un millions d'individus dont on sait très bien qu'ils n'iront jamais porter des caisses pour gagner trois fois moins que la dépendance de quelques jeunes paumés pourrait leur offrir, c'est purement et simplement une forme du racket que nous subissons. Car toute cette propagande, cette haine, ces violences injustifiables justifiées, n'ont bien évidemment que pour seul et unique objectif de faire payer le tribu aux infidèles que nous sommes. Tout est conduit en ce sens, certainement pas comme beaucoup trop le pense, pour instaurer une République Islamique ou je ne sais quoi.
 Voilà à quoi devait en fait servir la social-démocratie, à justifier le renoncement de l'Occident à se battre pour les idéaux du Christ. Nos ainés ont préféré payer et payer encore pour offrir à leur génération l'illusion qu'ils avaient construit le Monde Idéal, et qu'il n'y avait plus lieux de se battre et de souffrir. Mais va bientôt venir le temps où on aura le choix entre le combat ou le suicide, car l'argent ne peut pas être jeté par les fenêtres éternellement, même en tordant très fort les chiffres et les principes.

 Bref, tout ça pour souhaiter un bon rétablissement à Azpi, et pour dire qu'on a bien tort en France de considérer comme plus estimable un pauvre qu'un grand banquier ou un jeune de 21 ans millionaire en jouant à la baballe. Je crois qu'en fait le Diable adore se camoufler derrière des vêtements miteux...